William Merleau-Ponty
William Merleau-Ponty est né le 4 février 1866 à Rochefort-sur-Mer. Son père Joseph Merlaud-Ponty, directeur de Messageries, avait épousé à Paris Marguerite Marie Sonolet. Les deux familles étaient originaires de l’Aunis. Il fait d’excellentes études au collège de Rochefort et, durant ses vacances, se mêle volontiers aux vendangeurs de Grandbois, près de Saujon dont il parle le patois. Dispensé de service militaire comme fils unique de veuve, il poursuit de brillantes études à Paris où il habite, 6, rue Gay-Lussac. Le 11 février 1888, il fait candidature pour entrer dans l’Administration Centrale des Colonies. Il mène alors à Paris une vie assez agréable, lorsqu’il rencontre le lieutenant Marchand qui lui parle du Soudan, d’un pays qui est en train « de se faire ». L’occasion se présente bientôt : Archinard, qui prend le commandement de la colonne du Haut Fleuve, lui propose le poste de secrétaire auprès de lui. William se fait placer hors-cadre et suit Archinard. En dépit de ses fonctions civiles, il fait colonne dans le Kaarta à Nioro, Djenné, et prend part aux combats de Sombi-Ko et Ouassako. A cette dernière affaire, le 23 janvier 1893, il est blessé. Fait chevalier de la Légion d’Honneur le 8 mars 1893, il participe encore aux colonnes de Djenné et Bandiagara.
Chef du Secrétariat à Saint-Louis auprès du Gouverneur du Sénégal M. de Lamothe, le 30 janvier 1894, il est envoyé l’année suivante à Madagascar pour mettre sur pied l’administration de l’île. Après ce bref passage dans la grande île (1896-1897), il revient au Soudan à la tête du cercle de Djenné, mais il n’y reste que quelques mois, et est nommé délégué du Gouverneur général de l’A.O.F. pour l’administration du territoire du Haut Sénégal Niger, à Kayes d’abord, à Bamako ensuite. Nommé Gouverneur le 20 octobre 1904, il conserve le commandement du Haut Sénégal Niger qu’il aura assumé pendant dix ans.
Diourbel, Sénégal, 10 août 1910 - Visite du Gouverneur Général
Le 18 février 1908, à peine âgé de 42 ans, il est nommé Gouverneur général de l’A.O.F., en remplacement d’Ernest Roume. Ses quinze années de Soudan vont lui être d’un précieux secours. Il met en œuvre une nouvelle politique, la politique des races, qu’il définit lors de la session du Conseil de gouvernement du 21 juin 1909. Cette politique prévoit que les chefs soient choisis au sein de la tribu ou du gouvernement qu’ils doivent commander, ce qui est remarqué par Paul Marty : « Dans ces groupements arbitrairement créés par la tyrannie des chefs locaux ou par la folie sanguinaire des conquérants et des marabouts, dans ces groupements artificiels que nous avions eu quelquefois la faiblesse de maintenir, il a rendu la main à tous les éléments ethniques, il a proclamé l’égale valeur humaine de tous les peuples et leur droit à l’existence ; il a ramené à la vie des races qui se mourraient sous les oppressions sociales et religieuses, et l’on a eu la surprise de voir reverdir, croître et se révéler, pleins d’allant et d’espérance, des peuples qui semblaient à l’agonie… »
William Ponty reprend avec les moyens accrus la politique culturelle entreprise en 1903 par le Gouverneur général Ernest Roume. En 1912, il met sur pied une véritable inspection de l’enseignement. En 1913, l’Ecole Normale, jusqu’alors à Saint-Louis, est transférée à Gorée. Lors de la déclaration de guerre, en 1914, William Ponty assure au mieux le recrutement des tirailleurs qui vont, nombreux, combattre en France, au Maroc, au Cameroun.
Sa santé était cependant ébranlée et malgré les prières de son épouse – il s’était marié le 9 avril 1910 à Saint-Mandé avec Juliette Thabussot, une jeune comédienne, dont le père dirigeait une papeterie dans la banlieue parisienne –, il refuse de se laisser rapatrier et décède à Dakar le 13 juin 1915.
Ses obsèques ont lieu deux jours plus tard au cimetière de Bel-Air à Dakar.
Il est intéressant de remarquer combien le souvenir du Gouverneur Général Ponty est resté de nos jours très présent au Sénégal, et principalement au sein même de sa capitale, Dakar. Si la principale artère de la ville a été débaptisée pour prendre le nom d'avenue Pompidou depuis de nombreuses années, elle porte encore pour ses habitants le nom d'avenue William Ponty. Et il suffit de regarder le nom de certains commerces - Optique PONTY, Poste DAKAR-PONTY - pour s'en persuader.
Par ailleurs, clin d'oeil de l'histoire, un panneau publicitaire situé devant le portail de la poste Ponty vante les mérites d'une entreprise de location de voitures située rue du Docteur Thèze. Or, Jean Baptiste Thèze, chirurgien de 1e classe de la Marine et chef du service de santé de Dakar, décédé de fièvre jaune à l'île de Gorée le 10 octobre 1859, était... le beau-frère de William Ponty, époux de sa soeur Anne.
Bureau de poste situé sur l'avenue Pompidou, ex avenue William Ponty
Commerce d'optique Ponty, situé sur l'ex avenue William Ponty
Avenue William Ponty, actuellement nommée Avenue Pompidou
Mausolée funéraire du Gouverneur Général, cimetière Bel-Air à Dakar.